Le Bitcoin a t’il un avenir ?

de | 31 janvier 2021

Impossible de nos jours de passer à côté du Bitcoin, que l’on soit technophile, technophobe, ou amateur de montagne Russe, le Bitcoin déchaine les passions et se retrouve constamment dans l’actualité. Entre ceux qui lui prédisent un avenir à 1 million de dollars l’unité, et ceux qui prévoient d’année en année sa chute et sa disparition, il est parfois compliqué de s’y retrouver. Nous allons tenter de comprendre dans cet article les principaux défis auxquels le Bitcoin va être confronter dans les prochaines années.

La scalabilité, grand défi de la décentralisation

Le bitcoin repose sur un aspect très important, le minage. Pour créer de nouveaux bitcoins ou pour valider une transaction, des calculs complexes et distribués sont effectués par le réseau. Le schéma ci dessous explique très bien ce fonctionnement :

Le minage expliqué par bitpanda

Les mineurs sont en compétition, car seul l’un d’entre eux sera rémunéré pour la validation de la transaction, même si le calcul est distribué. Les mineurs les plus rapides ont donc statistiquement plus de chance d’être rémunérés à chaque transaction. Plus les calculs deviennent compliqués, plus les mineurs avec un matériel informatique (notamment les cartes graphiques) conséquent, et un coût énergétique faible, sont avantagés.

La blockchain s’adapte en effet aux capacités de minage de l’ensemble du réseau, plus ceux ci augmentent, plus les calculs pour les prochaines transactions deviennent compliqués. C’est ce qu’on appelle la scalabilité. Si un groupe devient trop puissant, il risque de monopoliser le minage, avec un risque de centralisation, ce qui est exactement l’esprit inverse de la cryptomonnaie.

Le bitcoin est limité à 21 millions, pour éviter un phénomène « planche à billet » et se rapprocher des métaux précieux tel que l’or, qui sont eux même limités. Plus le temps passe, plus la génération de nouveaux bitcoin est compliquée et moins elle est rentable. Il ne reste alors que les transactions qui peuvent rémunérer les mineurs. Seulement le coût énergétique est de plus en plus élevé, et les endroits de la planète qui possèdent à volonté d’une électricité peu cher sont énormément avantagés. C’est le cas de certaines régions de la Chine, comme le Sichuan, qui fournit une énergie à très bas coût grâce à ses barrages hydroélectriques très performants qui génèrent du surplus de kilowattheures qu’il faut bien utiliser (l’électricité ne se stocke pas).

La régulation énergétique, idéologique et sécuritaire

Le Bitcoin est en général attaqué sur plusieurs points, l’aspect écologique, l’aspect sécuritaire et l’aspect idéologique.

  1. Sur l’aspect écologique pour la consommation énergétique très élevée, et qui est susceptible de grandement augmenter si le grand public se met à l’utiliser comme moyen de paiement.

Des solutions existent pour réduire la facture, et il ne faut pas oublier la scalabilité de la blockchain. Quand le minage ne sera plus rentable, les calculs deviendront beaucoup plus simple, et par là même, la quantité d’énergie nécessaire par transaction diminuera. De plus la monnaie est non inflationniste, la quantité de Bitcoin est en effet limitée à 21 millions, ce qui encourage l’épargne sur les dépenses. Enfin, une partie de l’électricité utilisée pour le minage provient d’un surplus de production (chinoise essentiellement) écologique (barrages hydroélectriques).

2. Le second aspect est plus parlant pour la plupart des particuliers, puisqu’il s’agit de la sécurité. Le Bitcoin fonctionne avec un système classique clé publique / clé privée, cette dernière étant essentielle et non récupérable en cas de perte ou de vol. Ainsi, 20% des bitcoins en circulation sont perdus car leur propriétaire n’a plus la clé privée (le plus souvent contenu dans un ordinateur qui a été envoyé à la casse). La clé privée n’est en aucun cas stockée dans la blockchain, seule la clé publique l’est. Il est donc indispensable à l’utilisateur de protéger sa clé privée non seulement contre la perte mais aussi le vol. Il doit soit gérer lui même sa clé, soit passer par un Wallet (portefeuille) numérique qui va la gérer pour lui, celui ci pouvant être attaqué et piraté (cf. MT.GOX, Coincheck, coinrail…). L’état n’est pas garant de la sécurité des Bitcoins (du moins pour l’instant), il faut donc prier pour tomber sur le bon wallet et ne pas avoir de problème.

3. Le dernier aspect est idéologique. A quoi sert le Bitcoin ? A la base il sert essentiellement à décentraliser le système monétaire, aujourd’hui, il est régulièrement accusé d’être une bulle spéculative, voir un système de Ponzi. Dans les fait, le Bitcoin n’a rien à voir avec un Ponzi, puisque les nouveaux entrants ne payent pas les anciens utilisateurs, ce qui est l’idée de base d’un système pyramidale. Le Bitcoin est simplement un système non régulé basé sur l’offre et la demande. Ce n’est pas un Ponzi mais ce n’est pas non plus une valeur refuge comme l’or, il suffit de voir les envolées et les chutes spectaculaires du Bitcoin pour comprendre qu’il ne sera jamais une valeur refuge. Pour en savoir plus sur ce point, je vous invite à regarder l’excellente vidéo d’InteractivTrading.

La concurrence des cryptomonnaies

Bitcoin n’est pas la seule cryptomonnaie existante. Des centaines de cryptomonnaies se font concurrence, les plus célèbres étant l’Ethereum, le Ripple, le Litecoin ou encore le Bitcoin Cash. Certaines de ces cryptos sont techniquement plus abouties, plus rapides et plus économiques énergétiquement parlant que le Bitcoin. Elles sont en revanche très en dessous du Bitcoin en terme de volume d’échange.

source

Mais la concurrence pourrait arriver à terme avec les multinationales, et tout spécialement les GAFA, qui ne se sont pas encore lancées sur ce segment. Avec leur force de frappe et leurs multiples services annexes (Apple pay, Google pay etc.), un sérieux concurrent pour le Bitcoin serait sur le marché.

Un autre type de concurrence pourrait arriver, peut être encore plus rude et plus efficace, les cryptomonnaies étatiques. Ce n’est un secret pour personne, la Chine, entre autres, n’aime pas le Bitcoin, qu’elle ne peut contrôler et qui peut servir à de grandes fortunes chinoises à sortir du pays discrètement. Plutôt que de s’attaquer à la technologie, la Chine préfère s’attaquer au Bitcoin en le concurrençant avec sa propre cryptomonnaie, le E-yuan. Pour lancer cette crypto, le pays n’hésite pas à distribuer des E-yuan sous forme de loterie. Le message aux chinois est clair, abandonnez le Bitcoin et foncer sur le E-yuan. La première cryptomonnaie « décentralisée-centralisée » a donc vu le jour… Vu les moyens colossaux dont dispose la Chine, l’immense population et la croissance constante du pays malgré la crise mondiale, beaucoup vont s’intéresser de près à cette crypto, au moins d’un point de vu spéculatif à court terme.

Le tournant technologique : l’informatique quantique

La blockchain s’adapte en fonction du réseau, pour s’adapter notamment à l’évolution du matériel et à la quantité de minage disponible. C’est une moyenne du nombre de bloc par heure qui détermine la difficulté de la preuve de travail nécessaire à la validation d’une transaction. Sur le papier le Bitcoin est donc capable de résister à une augmentation drastique de la puissance de calcul, mais deux problèmes peuvent se poser.

Le premier est la latence de la mise à jour du réseau. L’informatique quantique est particulièrement efficace pour effectuer des calculs propres à la blockchain (sans parler du crack des clés privées), et il est possible qu’il puisse générer l’ensemble des Bitcoin restant avant même que la blockchain ne puisse réagir et ajuster la difficulté de minage.

Le deuxième est la centralisation de l’informatique quantique, qui risque de devenir à terme la centralisation du minage, ne laissant aucune chance aux fermes de minages traditionnelles, et encore moins aux particuliers, d’espérer tirer un revenu de la mise à disposition de leur puissance informatique.

En Conclusion

Chacun des problèmes du Bitcoin a une solution théorique, plus ou moins compliquée à mettre en œuvre. Plus de régulation étatique, moins de calcul polluant, plus de sécurisation avec des banques de Bitcoin… Cependant chacune de ces solutions a une contrepartie, la plus importante étant la perte en partie de la décentralisation, et l’ajout d’intermédiaire, rapprochant la cryptomonnaie d’un système bancaire traditionnel.

Une chose est sure, en cas d’investissement, il faut investir dans le Bitcoin uniquement ce qu’on peut se permettre de perdre.

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