Hadopi c’est un peu comme les films. En général plus le nombre dans le titre devient grand, plus ça devient mauvais. En résumé c’est Hadopire. Après ce jeu de mot de haute volée digne d’un Laurent Ruquier sous acide, voyons en quoi consiste cette nouvelle proposition de loi.
Pour vous remémorer la chronologie d’Hadopi, vous pouvez lire ce vieil article : Hadopi origins .
L’un des problèmes d’Hadopi était son retard technologique, et son problème de ciblage. En effet, surveiller les réseaux peer to peer, revient un peu à installer un radar sur une route limitée à 90, qui ne flasherait que les véhicules qui rouleraient entre 90 et 95 kms/h. Les grands téléchargeurs ne se servent plus du « pear » to « pear » depuis longtemps.
Hadopi a compris ce problème que tout le monde connaissait depuis le début, et projette donc de corriger le tir en incluant le streaming et le téléchargement direct (megaupload et autres…), à grand renfort de : Hadopi a déjà réduit le téléchargement de 35% !
35% ? Mais d’où vient ce chiffre puisqu’ils admettent eux même ne pas encore être capable de mesurer le piratage autre que P2P. Ce chiffre signifie seulement la tendance des moyens de piratage. 35% de ceux qui pirataient sur P2P piratent maintenant via le streaming. Un effet de com qui ne trompe pas grand monde au final.
Pourquoi le gouvernement a suspendu temporairement la mise en place d’Hadopi 3 ?
Tout d’abord pour des raisons politiques évidentes, mais aussi pour des raisons techniques. En effet il est facile de collecter les adresses IP de personnes téléchargeant en P2P, mais pour le streaming, c’est autrement plus compliqué.
Pour collecter les IP Hadopi n’aura que 2 choix :
- Les récupérer via l’hébergeur (mégavidéo etc…)
- Les récupérer via un filtre placé par le fournisseur d’accès
Les deux solutions sont compliquées. La première est même à la limite de l’impossible, puisque les hébergeurs sont dissimilés partout dans le monde. Megavideo est par exemple basé à Hong Kong, qui n’a que faire des injonctions du gouvernement français.
La seconde n’est possible que si les fournisseurs d’accès acceptent, ce qu’ils ne feront pas à moins d’y être obligés par une loi. Premièrement parce que le premier à accepter verra son nombre d’abonnés dégringoler si les autres ne suivent pas, deuxièmement parce que cette mise en place a un coût que l’état semble peu enclin à payer.
La seule solution semble donc être un passage en force, à savoir une loi. D’où le fameux Hadopi 3.
Le problème d’une loi, c’est qu’elle doit être acceptée et par les députés français, et par l’Europe. Hors la Cour de justice de l’Union européenne a récemment tranché sur le fait qu’il est inconstitutionnel de forcer les FAI à filtrer à leur seul frais les téléchargements illicites. De même il est inconstitutionnel de bloquer un site proposant à la fois du contenu licite et illicite, sans faire la distinction entre les deux. Bref ce n’est pas gagné pour Hadopi, et le jeu n’en vaut pas la chandelle avant 2012.
Comment régler ce problème une fois pour toute ?
Si il y a un point sur lequel tout le monde est d’accord, c’est que ce problème dure depuis trop longtemps et agace et les artistes, et les internautes, et les politiques. Personne n’a la recette miracle, mais pourquoi ne pas essayer de se pencher sur une solution à la Flattr ?
Pour rappel dans cet article (voir l’article sur Flattr), Flattr permet aux internautes de rémunérer un artiste, un créateur, un blogueur ou autre, en distribuant chaque mois une somme d’argent fixe.
Chaque mois, vous auriez une somme à distribuer (10 euros par exemple) aux artistes que vous avez apprécié. Le dernier film que vous avez vu, la musique que vous avez aimé, le livre que vous avez lu, etc… Si vous ne les distribuez pas, cet argent part dans une caisse commune qui aide à la création. La distribution se fait de manière très simple, avec un simple bouton équivalent au « j’aime » de Facebook. Si vous rémunérez 10 personnes, les 10 reçoivent un euro, si vous en rémunérez que 2, les 2 reçoivent 5 euros.
Cette solution a aussi l’avantage de pousser les artistes à la qualité. Car si vous n’aimez pas leur travail, vous ne leur donnez pas d’argent, ce qui égalise un peu ceux qui manquent de moyen publicitaire face aux énormes blockbuster formatés pour attirer le public en laissant parfois un gout amère le film terminé.
Bonjour, je viens de découvrir un site plutôt amusant, http://info-du-jour-en-france.fr/padopi/